Dans un remaniement significatif, la formation française a triomphé des Fidjiens ce samedi à Nantes (34-17), juste à l’aube de la publication de la liste des 33 joueurs choisis pour représenter la France à la Coupe du monde

Malgré les températures écrasantes de Nantes, Fabien Galthié a pu trouver le sommeil en toute tranquillité. À peine sept jours après le drame des blessures de Romain Ntamack et Cyril Baille, l’architecte de l’équipe française a maintenu son équipe intacte face aux Fidji (34-17) lors du samedi 19 août. Cependant, la sérénité n’est pas totalement au rendez-vous pour le stratège originaire du Lot. Dans seulement trente-huit heures après le coup de sifflet final, il dévoilera à la télévision sur TF1 la liste des 33 vaillants joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde en France (du 8 septembre au 28 octobre).

De manière mécanique, le staff sera amené à écarter neuf éléments de ce « rendez-vous d’une vie », et bien que Galthié tente de minimiser cet « acte de coupure » en tant que « non-événement », il ne peut échapper à certains choix cruciaux. Entre le déjeuner ensoleillé et la sieste dominicale, les ultimes incertitudes doivent être dissipées. Malgré tout, Galthié a balayé en conférence de presse en affirmant : « Si on attend jusqu’à dimanche pour faire la liste, c’est que nous n’aurions rien fait en quatre ans. »

Beaucoup de satisfaction et bonnes surprises

Pourtant, il est envisageable que la revue des troupes effectuée le samedi ait dépassé la simple récompense pour les joueurs qui n’avaient pas encore été largement alignés pendant la préparation. Dans ce jeu, les éléments en compétition ont accentué les dilemmes dans l’esprit du sélectionneur. Au-delà des joueurs pour lesquels le sort ne suscite guère d’inquiétudes – Peato Mauvaka, Jonathan Danty ou Grégory Alldritt par exemple – d’autres ont tout fait pour bousculer la donne. Reda Wardi, pilier gauche, a ainsi déclaré : « Nous savons que la liste arrive et individuellement, cela pousse certainement à se surpasser. »

Il convient de citer en premier lieu Melvyn Jaminet, en difficulté cette saison et en concurrence avec le « rescapé » Brice Dulin. L’arrière de Toulouse était conscient du danger et a rappelé les qualités qui l’avaient propulsé au rang des « éléments exceptionnels ». Solide dans les ballons hauts, il s’est démarqué avec précision au pied, à la fois en termes de pénalités (7/8, 19 points) et dans le jeu courant. Dans un contexte où le titulaire du poste, Thomas Ramos, pourrait être amené à jouer à l’ouverture, Jaminet a fait forte impression.

L’ailier Louis Bielle-Biarrey (20 ans) a joué un rôle déterminant dans le premier essai, et bien qu’il ait parfois fait preuve d’un excès d’individualisme en oubliant des soutiens, cela témoigne également des nouvelles attentes qui dépassent la simple curiosité. De l’autre côté, Yoram Moefana (66 mètres parcourus, 3 défenseurs battus) a été actif sans pour autant briller particulièrement, mais sa polyvalence en tant que centre trois-quarts constitue un atout majeur. Ethan Dumortier, qui a été laissé de côté après un premier test compliqué en Écosse, pourrait en payer le prix.

Le centre Arthur Vincent, affûté et dynamique, a prouvé qu’il était en grande forme après deux ruptures des ligaments croisés, et il bénéficie lui aussi de cette polyvalence avantageuse. Cependant, Emilien Gailleton, l’autre novice du groupe (20 ans), qui n’a pas été retenu le samedi, possède un profil similaire, et il ne pourra probablement pas y avoir de place pour tous.

La troisième ligne, déjà congestionnée, se trouve être dans une situation particulièrement délicate. De retour de blessure, François Cros a, comme à son habitude, brillé dans les tâches obscures (15 plaquages et une grande activité dans les rucks). Dylan Cretin s’est également illustré dans les zones de combat et s’est montré utile en touche.

« Je tiens à féliciter les finisseurs, quand les remplaçants ont un tel impact, c’est bénéfique », a souligné Grégory Alldritt, un autre membre de cette troisième ligne.

Pensait-il à Sekou Macalou ? Le Parisien a marqué un essai rusé lors de son entrée en jeu globalement enthousiaste, se lançant ainsi dans la compétition où l’on pourrait également inclure Paul Boudehent, très remarqué lors des deux premiers essais, bien qu’il n’ait pas fait partie de l’équipe du samedi, ainsi qu’Anthony Jelonch, un cadre indispensable mais toujours en phase de récupération. Les rotations constantes de ce mois d’août pourraient laisser un joueur déçu, voire deux si le positionnement de Peato Mauvaka en tant que numéro 8, testé le samedi, se poursuit.

« Globalement, nous avons deux jours pour officialiser le groupe, mais tout est prêt », a résumé Galthié. Le sélectionneur rappelle que les positions ne sont pas gravées dans le marbre : « Il pourrait y avoir certains joueurs qui ne font pas partie des 33 et qui deviendront les héros de la compétition. Des exemples ont déjà été vus. » Il suffit de demander au Néo-Zélandais Stephen Donald, interrompu en plein moment de pêche pour remplacer Dan Carter, blessé lors de la Coupe du monde 2011, et qui a fini par inscrire la pénalité décisive en finale…