Pauline Ferrand-Prévot, impériale à Roubaix : un retour sur route gravé dans l’histoire

Samedi 12 avril 2025 restera comme une date mémorable pour le cyclisme féminin français. Pour sa toute première participation à Paris-Roubaix, la légendaire Pauline Ferrand-Prévot a réalisé un exploit de haute volée en s’imposant en solitaire au Vélodrome de Roubaix. À 33 ans, la championne olympique de VTT, revenue sur route cet hiver, devient ainsi la première Française à triompher sur l’Enfer du Nord depuis la création de l’épreuve féminine en 2021 — et la première tricolore, hommes et femmes confondus, à remporter la course depuis Frédéric Guesdon en 1997.

Un triomphe inattendu, bâti dans la douleur

Engagée initialement pour épauler sa coéquipière Marianne Vos, Ferrand-Prévot ne se destinait pas à jouer la victoire. Affaiblie par une maladie les jours précédents, elle confiait même au départ qu’elle ne se sentait « pas à 100% », et qu’elle souhaitait avant tout « préparer mentalement et physiquement les premières étapes du Tour de France ». Mais ce qui devait être un simple entraînement de luxe s’est transformé en démonstration historique.

Malgré une chute collective survenue à 54 kilomètres de l’arrivée, la Rémoise a su puiser dans ses ressources, revenir sur le groupe de tête, puis prendre les devants à 24 kilomètres de la ligne. Elle a alors déposé Emma Norsgaard (Lidl-Trek), partie avec elle, et filé seule vers la victoire, avec plus d’une minute d’avance.

« Je suis super heureuse, c’est une des plus belles », a-t-elle confié à l’arrivée, encore incrédule devant l’ampleur de sa performance. « Je ne pensais pas gagner. En entrant dans le vélodrome, je me suis demandé ce que je devais faire si je croisais les autres filles… Je voulais juste avoir la photo toute seule ! »

Le retour d’une championne aux mille visages

De 2018 à 2024, Pauline Ferrand-Prévot s’était entièrement consacrée au VTT, avec l’objectif de décrocher l’or olympique — mission accomplie à Paris en 2024. Ce sacre l’a libérée : elle a alors décidé de renouer avec la route, en rejoignant l’équipe Visma-Lease a Bike de Marianne Vos, son ancienne coéquipière. Ce retour, entamé sans pression, a rapidement pris une tournure spectaculaire : troisième des Strade Bianche, quatrième de Milan-San Remo (puis douzième après déclassement), et deuxième du Tour des Flandres.

Participer à Paris-Roubaix n’était même pas prévu initialement. « Normalement, j’aurais dû être en stage en altitude. Mais après Milan-San Remo, j’ai demandé à faire les Flandriennes. Puis j’ai insisté pour faire Paris-Roubaix. Une décision de dernière minute », explique-t-elle, avec cette liberté nouvelle acquise depuis son titre olympique.

Cap sur le Tour de France

Si ce Paris-Roubaix pourrait être son dernier — « on verra cet été si je suis à la ramasse » —, la suite est déjà dans sa ligne de mire. Le Tour de France, dont elle a fait son objectif principal pour les trois prochaines années, sera son prochain grand défi.

« On a une équipe très forte et je veux vraiment gagner ce Tour. J’y crois. Roubaix m’a donné encore plus confiance. »

Tactique, puissance, audace : en une seule course, PFP a rappelé qu’elle reste une exception du cyclisme mondial. Et si elle ne revient jamais à Roubaix, elle y aura laissé une empreinte éternelle — celle d’une victoire aussi inattendue que monumentale.