Loïs Boisson, la résilience en terre battue : d’une rupture des croisés à l’éclat de Roland-Garros

Il y a un an, elle quittait un court parisien en larmes et en béquilles. Ce mercredi 4 juin 2025, c’est sur ce même sol ocre qu’elle foulera la terre du Philippe-Chatrier pour disputer le tout premier quart de finale en Grand Chelem de sa carrière. Loïs Boisson, 22 ans, incarne la plus belle histoire de Roland-Garros 2025.

La Dijonnaise, invitée par les organisateurs, est devenue seulement la deuxième joueuse bénéficiant d’une wild-card à atteindre les quarts de finale porte d’Auteuil. Mais rien n’a été simple dans cette ascension éclatante. Son exploit en huitième de finale contre Jessica Pegula, numéro 3 mondiale, n’est pas un miracle tombé du ciel : il est le fruit d’une construction patiente, d’une obstination discrète et d’une surface qui semble faite pour elle.

La terre comme terrain d’envol

« Quand j’étais jeune, je jouais énormément sur terre battue. Mon jeu est taillé pour cette surface », confiait-elle après sa victoire contre Pegula. Ce n’est pas un hasard si Boisson brille à Paris. Son style — lifté, puissant, tactique — rappelle les modèles ibériques, à commencer par son idole Rafael Nadal. « Elle a grandi avec cette obsession de gratter la balle comme lui », note Laurent Rochette, ancien joueur et proche de son entraîneur Florian Reynet. Pour cela, il faut un physique à toute épreuve. Et Boisson, en plus d’un bras redoutable, possède des jambes infatigables.

Justine Hénin, consultante pour France Télévisions, ne tarit pas d’éloges : « Elle a un coup droit atypique, lourd, qui fuse. Et une capacité rare à varier : le slice, les balles bombées, le changement de rythme… Son jeu est un vrai poison pour les joueuses de cadence. »

Une renaissance méthodique

Pourtant, il y a douze mois, sa trajectoire semblait brisée net. Alors en pleine série victorieuse sur terre battue — 23 victoires en 24 matchs — elle se blesse gravement au genou lors du Trophée Clarins, à quelques jours de son rêve de Roland-Garros. Rupture des ligaments croisés. Saison terminée. La jeune joueuse passe de l’euphorie à l’obscurité en un instant.

« Elle était inconsolable, elle ne voulait même pas regarder Roland-Garros à la télévision », raconte son agent Jonathan Dasnières de Veigy. Mais l’effondrement émotionnel a vite laissé place à une rigueur chirurgicale. L’opération passée, Boisson suit à la lettre le protocole de rééducation : « Elle a abordé sa réathlétisation comme on gravit l’Everest, étape par étape », image son préparateur physique, Sébastien Durand. « Elle a validé chaque palier sans jamais brûler les étapes. »

Son retour à la compétition, en février, est placé sous le signe de la prudence. Après deux tournois sur dur, elle retrouve sa surface de prédilection et renoue avec la victoire. Un titre à Saint-Gaudens relance la dynamique, jusqu’à ce printemps parisien qu’elle aborde avec ambition et lucidité.

L’avenir sur terre

Loïs Boisson ne veut pas être une étoile filante. Sa performance à Roland-Garros n’est, selon ses proches, que le début d’un cycle. « Elle représente une nouvelle génération de joueuses : physiques, tactiques, avec un vrai sens du jeu », affirme Laurent Rochette. Pauline Parmentier, responsable du haut niveau féminin à la FFT, souligne le soutien fédéral et l’équilibre trouvé autour de son entraîneur Reynet.

Son agent se projette déjà : « Si elle reste en bonne santé, elle disputera une dizaine de Roland-Garros dans les prochaines années. Elle n’est qu’au début de ce qu’elle peut accomplir. »

Et ce mercredi, face à la prodige russe Mirra Andreeva, c’est peut-être encore un autre chapitre de cette belle histoire qui s’écrira.